Accompagnée de sa fidèle assistante personnelle Valentine (Kristen Stewart), Maria Enders (Juliette Binoche) est une célèbre comédienne qui a acquis une reconnaissance artistique sur la scène internationale en interprétant pendant sa jeunesse le rôle de Sigrid, l’incarnation même de la femme fatale dont le charme fascine et obsède sa patronne Helena au point de la conduire jusqu’au suicide.

Vingt ans plus tard, à Sils Maria, au cœur des montagnes verdoyantes des Alpes dans l’Est de la Suisse, le metteur en scène Klaus Diesterweg (Lars Eidinger) propose à Maria Enders de remonter sur les planches pour y jouer de nouveau la pièce de son ami Wilhelm Melchior mais cette fois-ci dans le rôle de Helena.

© UniFrance Films

Dans la filmographie éclectique du réalisateur français, Sils Maria est probablement sa plus grande déclaration d’amour à toutes les actrices qu’il a pu rencontrer et faire jouer dans ses propres films. Présenté en compétition officielle en mai 2014 lors du 67ème Festival de Cannes, le long-métrage d’Oliver Assayas est une plongée passionnante dans les eaux profondes et sinueuses de la création artistique où le travail de comédien s’entremêle et se mélange insidieusement à la vie intime et personnelle de l’artiste ; à son utilité, son narcissisme mais aussi ses doutes et ses propres interrogations à l’instar de ce qu’avait pu nous montrer Maïwenn avec Le Bal des actrices en 2009.

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Dans Sils Maria, Juliette Binoche interprète remarquablement une Maria Enders confrontée à jouer son propre rôle, celui d’une actrice et comédienne vieillissante qui refuse d’être mise sur la touche à cause de son âge au risque de s’exclure du nouveau monde ultra-connecté qui l’entoure et dans lequel elle ne se retrouve pas. Car ce n’est plus qu’un simple décalage générationnel mais un véritable gouffre qui la sépare des autres comme avec Jo-Ann Ellis (Chloë Grace Moretz), la sémillante starlette du moment qui jouera la nouvelle Sigrid. Si au début elle commence par se moquer de cette jeune femme en la prenant de haut et en jouant les airs supérieurs de celle qui à la maturité de l’expérience, Maria Enders comme toute actrice ou comédienne finit par douter d’elle-même et prendre peur de cette situation qui lui échappe, de ce vide existentiel et de cet isolement latent qui la menacent au fur et à mesure que le temps s’écoule et que la solitude en découle inéluctablement.

C’est un questionnement humain relativement commun auquel doit faire face Maria mais délicatement capturé par la caméra d’Olivier Assayas qui parvient à réunir un duo impensable mais finalement convaincant entre Juliette Binoche et Kristen Stewart.

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