À suivre de très près. Les films récompensés par le Prix Michel d’Ornano dont l’intention est de promouvoir un premier film français sont toujours une excellente surprise pour les cinéphiles que nous sommes. Après Brodeuses d’Éléonore Faucher en 2004,  La Faute à Fidel de Julie Gavras en 2006 ou encore Qu’un seul tienne et les autres suivrontde Léa Fehner en 2009, le premier film d’Alix Delaporte est à la hauteur de ces prédécesseurs : une œuvre de cinéma réjouissante, chaleureuse et humaine dans une atmosphère particulièrement glaciale.

© Pyramide Films Distribution

Sur les côtes maritimes de la Normandie où elle y a passé toutes ses vacances quand elle était encore une enfant, Alix Delaporte nous embarque sur le chalutier de Tony (Grégory Gadebois), marin pêcheur, à la recherche d’une compagne qui acceptera de partager sa vie. Quand il rencontre Angèle (Clotilde Hesme), Tony se méfie, il l’observe, n’y croit pas un seul instant : troublante, élégante et charmante, à ses yeux Angèle est bien trop belle pour qu’elle puisse s’intéresser à lui. Elle, qui débarque dans cette ville pour tenter de récupérer son fils dont les grands-parents ont la garde depuis deux ans, se démêle tant bien que mal à essayer de se reconstruire. Mais sous leurs carapaces d’oursin, Angèle et Tony cachent un cœur gros comme ça. Au fil des semaines, ils vont apprendre à se découvrir, se connaître et s’aimer pour ce qu’ils sont vraiment, malgré leurs défauts, malgré leur histoire…

© Pyramide Films Distribution

Moment de grâce et d’émotion sincère, sans sentimentalisme, pour Clotilde Hesme et Grégory Gadebois qui incarnent ici un couple magistralement naturel à l’écran. Sans fard, sans artifice ni faux-semblant, les deux acteurs magnifient la force de leur personnage avec pudeur et humilité. C’est peut-être ce qui les distingue des autres couples, des autres histoires que l’on a pu voir des centaines de fois au cinéma : la froideur de leurs émotions, la dureté de leurs expressions qui nous glace le sang tranchent avec la passion de leurs sentiments. Angèle et Tony est à l’image du milieu dans lequel le film évolue, celui de la pêche et de son atmosphère particulière ; de ces conditions de vie et de travail difficiles qui ont rendu les hommes forts et robustes mais non moins sensibles. On souffre, on ressent leurs doutes, leurs espoirs, on vit et on se sent revivre auprès de ces personnages, héros ordinaires du quotidien. Le long-métrage d’Alix Delaporte est avant tout un film de sensations (dans le sens noble du terme et de sa perception) qui puise sa force dans les silences et les regards de ses acteurs. Le film ne s’encombre pas de grands discours ou de longues conversations, tout se joue dans l’attitude et la mesure des interventions brèves d’Angèle ou Tony. Le thème de la renaissance d’un individu et des difficultés de sa reconstruction est ici abordé et traité avec tact et justesse par la réalisatrice française.

Que les plus pessimistes se rassurent, avec des films comme Angèle et Tony, le cinéma français a encore de grandes ressources. Qu’il prenne le large, de beaux jours sont devant lui.

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