Huit ans après avoir réussi le pari impensable de faire danser des sexagénaires qui n’avaient jamais mis les pieds sur une scène, Pina Bausch se lance un ultime défi, celui de remonter sa pièce Kontakthof avec des adolescents âgés de 14 à 18 ans.  Ils sont quarante, venus des quatre coins de la ville de Wuppertal (Allemagne), là où Pina Bausch avait elle-même fait ses débuts artistiques il y a trente-et-un ans. Chaque samedi, pendant une année, ils vont participer aux cours de danse supervisés par Jo-Ann Endicott et Bénédicte Billiet, deux danseuses de la troupe de Bausch, et recevront les conseils avisés de la chorégraphe allemande en personne.

© Jour2fête

De la première répétition à la représentation finale, Anne Linsel et Rainer Hoffmann adoptent une position idéale entre distance et rapprochement pour filmer avec justesse les étapes de la mise en scène d’une pièce et de ses difficultés. Pour ces jeunes gens, l’art de la chorégraphie est un univers inexploré, « une terre inconnue » admettra l’une d’entre elles. De leurs mouvements de corps et d’hésitation, on y découvre Joy, si fragile mais tellement élégante, glisser sur la scène d’un pas mal assuré et un peu déséquilibré ; Marina, timide et maladroite, au moment de faire glisser sa robe et dévoiler une épaule ; ou encore Kim, réservée et désorientée quand elle doit s’élancer dans une ronde effrénée sur les planches de la salle de répétition.

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Quand les mots ne suffisent plus à exprimer les sentiments, le théâtre dansant proposé par Pina Bausch devient un exercice de catharsis pour ces adolescents où les rapports entre les hommes et les femmes sont disséqués ; les jeux de séduction, de communication et de violence faite à chacun mis à nus. Un exutoire où tous sortiront grandis de cette expérience hors-du-commun et qui les marquera à jamais. Pour certains, la pièce leur renvoie leur propre histoire, leurs doutes et leurs questionnements personnels. Pour d’autres, elle les invite à rêver comme ce garçon qui reconnaîtra vouloir un jour « embrasser une fille comme dans la pièce de Pina Bausch ».

Les rêves dansants est un documentaire à la fois poignant et bouleversant. Un hommage nécessaire à Pina Bausch, décédée quelques mois après cette dernière représentation.

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